Doit-on quitter l’Europe ?
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Doit-on quitter l’Europe ?
Voilà bien une proposition qu’aucun candidat sérieux à la Présidence de la République ne pourrait se hasarder de lancer. Le seul qui l’ait tenté en 2017, François Asselineau a fait moins de 1%.
Ceux qui l’avaient envisagé auparavant comme Marine Le Pen se sont vite rabattus sur des terres plus consensuelles, tant il est vrai que les esprits ont été durablement formatés par des médias aux ordres, à cette obligation.
L’Europe c’est la paix ? La Serbie, le Kosovo, la Bosnie et maintenant l’Ukraine s’ajoutent aux guerres internes, terrorisme, délinquance, émeutes, insécurité qui chaque jour alimentent nos infos.
L’Europe c’est la prospérité ? : Pour la France en tout cas les deux courbes ci-dessous nous convainquent malheureusement du contraire.
En 2022 le déficit du commerce extérieur dépasse les 100 milliards d’euros et on vient pleurer sur l’Aide Médicale d’Etat non contributive qui nous coûte 1.2 milliard d’euros. La dette publique vient de dépasser les 3.000 milliards d’euros (elle n’était que de 2300 milliards en 2017 !)
Oui mais on est protégé par la monnaie commune, l’Euro, diront les ignorants ! Sauf que la monnaie commune n’existe pas. Il s’agit seulement d’une monnaie d’échange à parité 1 pour 1 (pour l’instant) car chaque banque nationale garantit ses propres engagements ce qui explique le spread entre les taux d’emprunts de l’Allemagne et ceux de la France qui augmente dangereusement.
Le Brexit a-t-il ruiné l’Angleterre ? Avec un PIB de 3 071 Md$, le Royaume-Uni est en 2022 la sixième économie mondiale et la deuxième économie européenne, derrière l’Allemagne (4 075 Md$) et devant la France (2 785 Md$), selon le FMI. Le PIB par habitant du Royaume-Uni s’élève à 45 295 $, se classant 23e mondial, devançant la France (42 409 $). La nette contraction du PIB observée pendant la pandémie (-10,4% en 2020) a été suivie d’une reprise économique dynamique en 2021 (8,7%) et prolongée en 2022 (4,1%). En milieu d’année 2023, selon l’institut national britannique de statistiques, le Royaume-Uni avait dépassé son niveau d’activité pré pandémie de 1,8%
Est-ce pour autant qu’il faille renoncer à une coopération européenne la plus large possible ? Sûrement pas ! Car même si la France souhaite retrouver sa souveraineté et refuse d’être entraînée malgré elle par une balkanisation de l’Europe voulue par les Américains, elle reste ouverte à des coopérations approfondies qui existaient déjà avant l’UE et notamment avant le funeste traité de Lisbonne rejeté en 2005 par référendum par les Français (55% de NON) et imposé en 2007 par le Parlement ce qui nous a empêché, contrairement au Danemark par exemple de négocier des conditions plus favorables dont il bénéficie encore aujourd’hui.
Pourquoi l’UE ne marche pas ? La commission de Bruxelles impose des directives qui sont obligatoirement appliquées par les Etats membres sans avoir à être ratifiées par les Parlements nationaux.
La France est, derrière l’Allemagne, le deuxième contributeur net du budget de l’UE (21 milliards par an). On est loin du « Give me my money back » de Margaret Thatcher et les projets d’élargissement soutenus par Emmanuel Macron pour faire entrer l’Albanie, le Kosovo, la Bosnie, le Monténégro, la Moldavie et l’Ukraine dans la communauté européenne (pour la plupart des Etats mafieux complètement corrompus) n’arrangeront sûrement pas les choses surtout si on se dirige comme le voudrait la Commission vers des accords à la majorité qualifiée et non plus l’unanimité.
N’y a-t-il pas d’autre possibilité que le Frexit ? Mis à part les membres de la Commission et tous ceux qui vivent de ses largesses, la plupart des Européens sont sceptiques sur les chances de l’Europe.
Les USA ont réussi à nous pousser à soutenir l’Ukraine (certes l’invasion ordonnée par Poutine était inacceptable, mais les bombardements de l’armée ukrainienne contre les républiques séparatistes russophones de 2014 à 2022 l’étaient tout autant). Les drames du conflit israélo-palestinien risquent de sonner le glas des espérances du Président Zelensky.
Et pendant que les Etats-Unis prospèrent en nous vendant leur gaz de schiste, que la Russie se moque des sanctions largement contournées grâce aux BRICS, l’Europe souffre mortellement et s’enfonce.
Il y aurait pourtant une solution ! Bien que le couple franco-allemand n’ait plus grand-chose à voir avec l’accord De Gaulle-Adenauer ou même l’entente Mitterrand -Kohl, si un des deux grands fondateurs se retirait il n’y aurait plus d’Europe.
Les Pays du Nord méprisent les Pays du Sud qu’ils qualifient de Club Med, nos politiques étrangères nous séparent, notre approche des problèmes migratoires également, notre volonté d’indépendance face à ceux qui recherchent le parapluie américain est irréductible et pourtant nous devons respecter les Traités, sinon sortir ou en renégocier d’autres sous la menace de notre éventuel départ.
Mais cela n’est possible que si le peuple français est largement uni pour peser sur les décisions communautaires de l’UE. Et cette union doit forcément être transpartisane.
Là est la solution… si nous en sommes capables. Sinon la France s’enfoncera et risquera de n’être plus qu’une petite lumière qui s’éteint !
Pierre Chastanier, 18 novembre 2023