Le 30 janvier, j’enlève le haut !
Le 30 janvier, j’enlève le haut !
On se souvient de cette publicité qui fit florès en septembre 1981 lorsque fleurirent partout en France les « Affiches Myriam » de la société l’Avenir : « Demain j’enlève le haut, … »
Le conflit qui vient de surgir avec les Agriculteurs, à la suite des Gilets Jaunes, des Cheminots, des Soignants, des Retraités… marque une fois de plus le fossé infranchissable qui sépare désormais comme aurait dit Jean-Pierre Raffarin « La France d’en Haut de la France d’en Bas » ou plus sordidement comme l’a dit le Président Macron « Ceux qui réussissent de ceux qui ne sont rien » !
Si on ne veut pas irrémédiablement perdre le Bas, c’est-à-dire le Peuple de France, il faudra d’urgence se débarrasser d’une partie du Haut, de l’élite gouvernementale désinvolte au service d’une oligarchie financière qui ne sait plus qu’elle ne devrait être là que pour le service de l’intérêt général !
Mais rappelons tout d’abord ces « raisons de la colère » de nos agriculteurs.
Quelques chiffres :
Le monde agricole aujourd’hui c’est 389.000 exploitations (100.000 exploitations ont disparu au cours des 10 dernières années) employant en ETP (Equivalent Temps Plein) 759.000 personnes, occupant ensemble 26 millions d’ha soit près de 50% du territoire français.
Moins nombreuses, les exploitations s’agrandissent. En moyenne 69 ha mais la moitié sont des petites exploitations qui ont moins de 36 ha et 1/3, des exploitations exclusivement familiales, n’exploitent que 7% de la SAU (Surface Agricole Utilisée moyenne de 14 ha) tout en mobilisant 12% de l’emploi.
24.000 grandes exploitations de plus de 200 ha s’étalent sur 7.300.000 ha, le plus souvent en GAEC (Groupement agricole d’exploitation en commun de taille moyenne 304 ha).
47.000 exploitants soit 12% se consacrent au Bio sur 2.500.000 ha et la part des fermes engagées dans un circuit court est également en hausse.
Le monde agricole est caractérisé par une très grande disparité entre les riches céréaliers gagnant en moyenne 9.200 € par mois et les petits agriculteurs non-salariés réduits en moyenne à 1600 € par mois pour 53 heures de travail hebdomadaire.
30% des agriculteurs ont un revenu inférieur à 9.500 € par an et l’on compte 33.000 bénéficiaires du RSA et de la prime d’activité !
Concernant l’Europe, n’oublions surtout pas que la France est un contributeur net de l’UE d’environ 6 milliards par an (27 milliards versés pour 21 milliards reçus dont 10 milliards pour la PAC). Il est donc faux d’affirmer que sans la PAC les agriculteurs français n’auraient pas survécu !
Une règle inique injustifiable :
Dans un pays qui a inventé l’Ecologie punitive, une véritable police de l’environnement l’OFB (Office Français de la Biodiversité) force les paysans à passer de plus en plus de temps à remplir des paperasses et à « laver plus blanc que blanc » en raison de la surtransposition des normes excédant en France les obligations résultant des directives européennes.
Nous sommes tous d’accord sur l’intérêt de diminuer le plus possible pesticides et insecticides mais personne ne peut admettre qu’en raison du libre-échange généralisé voulu par une classe dirigeante ignorant tout de la France périphérique et signant les yeux fermés les accords les plus fantaisistes (certains pourtant les ont grands ouverts qui y trouvent leurs privilèges), on accepte d’importer de tous les pays du monde des produits qui ne respectent pas les normes qu’on impose au prix de mille tracas à nos propres paysans, hors UE (lait ou mouton de Nouvelle Zélande, viande d’Argentine ou du Chili, céréales des USA ou d’Ukraine) et même , honte pour nos dirigeants français, depuis les pays de l’UE qui respectent les directives européennes mais sans les surtransposer !
Sous prétexte d’aide à l’Ukraine (une aide qui a surtout profité aux grandes centrales d’achat) on a ouvert les vannes en supprimant les droits de douane. Ceci a entraîné un effondrement du prix du blé et de la volaille (notons qu’en Ukraine les fermes céréalières aux mains de quelques oligarques proches du pouvoir ont plus de 10.000 ha et les poulaillers plus de 2 millions de volaille !).
L’exaspération des agriculteurs est telle qu’ils peuvent, puisque comme les routiers et les cheminots, ils en ont les moyens, bloquer la France et affamer les métropoles.
Si la Droite et les Sociaux-démocrates ne veulent pas voir le pays sombrer entre une Ecologie punitive incapable de mesurer les conséquences dramatiques de ses aspirations sectaires (nucléaire, climat, énergies renouvelables, décroissance) et une Extrême Gauche insoumise flattant l’immigration massive, l’islamophilie, le racialisme woke et les dérives genrées, il faut qu’elle se débarrasse d’urgence de cette pseudo élite oligarchique qui règne au sommet de l’Etat au mépris de la majorité du peuple français duquel elle s’est complétement déconnectée.
Je rappelais récemment la doctrine d’Abraham Lincoln « Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Si des décisions précises ne sont pas prises avant le Salon de l’Agriculture qui doit ouvrir ses portes le 24 février à Paris il est fort à craindre que le mouvement actuel qui peut-être se calmera un temps en attente de nouvelles directives européennes reprendra de plus belle avec pour le Gouvernement le risque que d’autres fractions de la population menacée dans sa sécurité, dans son pouvoir d’achat, dans ses retraites, dans sa santé, dans l’avenir de ses enfants ne rejoigne la lutte de ses paysans pour réclamer un recours au référendum sur toutes les questions qui divisent terriblement notre société : élite parisienne contre France périphérique, majorité silencieuse contre black blocks, émeutiers divers et leurs supporters.
On verra peut-être même apparaître une contre-révolution de ces écologistes qui se sont déjà lamentablement manifestés à Sainte-Soline si le Gouvernement accepte d’appliquer sans les surtransposer les directives en usage dans les autres pays de l’UE (la Pologne par exemple utilise 30% de plus de Glyphosate que les Agriculteurs français) ou qui parce qu’ils ne sont pas à une contradiction près, protesteront contre le refus qui serait éventuellement pris d’importer sans limite les volailles ukrainiennes bourrées aux hormones !
Ces forcenés ne comprennent même pas que tous les gens sérieux sont favorables à la biodiversité à la lutte contre la pollution, à moins de pesticides, moins d’hormones, moins de plastiques dans les océans, moins de gaz à effet de serre mais qu’on en peut pas progresser sur ce chemin vertueux alors qu’on ne représente qu’une part infime de la pollution mondiale en faisant mourir nos agriculteurs ce qui aurait pour conséquence immédiate une atteinte irréparable à la salubrité de nos terroirs (feux de forêt, engorgement des cours d’eau, campagnes envahies de ronces vite impénétrables …). Ils connaissent si peu la nature qu’ils ne savent même pas que le moindre chemin vicinal abandonné devient rapidement impraticable.
La France est un des pays les moins pollueurs du monde (0.9% du CO2 émis contre 28% la Chine et 12% les USA) mais si on tient compte de l’empreinte carbone des produits importés on passe alors à 2% soit le double ! Bravo les Écologistes qui veulent forcer l’UE à imposer des jachères mais qui en même temps comme si l’atmosphère avait des frontières laissent faire pour ne pas dire plus ceux qui les financent !
Les règles qu’on impose à nos paysans ne doivent pas être différentes de celles qu’on autorise aux autres. Gare à ceux qui ne le comprendraient pas !
Pierre Chastanier, 2 février 2024