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Marine Le Pen, Jordan Bardella et les autres…

 

Je n’ai jamais voté pour Marine Le Pen mais je mesure toutes les difficultés qu’elle a dû affronter au cours de son long parcours politique, des mauvais calembours de son père à l’opposition de certains de ses proches comme Florian Philippot exclu du FN en 2017.

Elle a déjà tenté à trois reprises d’incarner un courant souverainiste représentant longtemps la Droite Nationale et l’Extrême Droite pour évoluer ensuite, à la pêche aux voix, vers une version plus populaire, équivalent pour les pauvres du « Ni Droite Ni Gauche » des riches d’Emmanuel Macron.

Ses résultats n’ont cessé de progresser

  • 2012 premier Tour : 17.90%
  • 2017 : 2ème Tour : 33.90%
  • 2022 : 2ème tour : 41.46%

Certes, il n’y a pas d’exemple, jusqu’à présent, dans l’histoire de la République d’un candidat qui réussirait, à la quatrième tentative, son entrée à l’Elysée. Mais, sauf si les oppositions viennent de son propre camp, ce qui est maintenant peu probable du fait de l’éviction de certains concurrents et du très jeune âge de Jordan Bardella, déjà présenté aux médias comme un futur Premier Ministre potentiel, ses (sérieuses) chances de succès en 2027 sont vitales pour elle car un quatrième échec déterminerait une cuisante et définitive descente aux enfers.

Alors que les forces de Gauche, malgré leurs grandes divergences, réussissaient à forger un accord électoral (NUPES) pour les Législatives de 2022, espérant obtenir une majorité et forcer Emmanuel Macron à une cohabitation, les électeurs de la Droite française pourtant majoritairement favorables à une « Union des Droites » aux Législatives (RN, LR, Reconquête, Debout la France) se heurteront aux insurmontables oppositions des  états-majors de leurs partis politiques respectifs.

Les LR prétexteront le maintien d’un plafond de verre pour les lepénistes, Éric Zemmour qui avait espéré devancer Marine Le Pen aux Présidentielles se verra opposer un refus catégorique de celle-ci pour la désignation de candidats communs aux législatives et du coup il présentera seul et sans succès 550 candidats, Nicolas Dupont-Aignan s’associera à Florian Philippot, et Marine Le Pen qui avait pourtant dépassé 50% des suffrages au second tour des Présidentielles dans 159 circonscriptions n’obtiendra finalement que 88 Députés !

Ainsi les formations de Droite qui au premier tour des Législatives avaient rassemblé 36.8% des voix contre 34.05 pour l’ensemble des voix de Gauche et 28.7 pour la Majorité présidentielle et le Centre et qui si elles s’étaient unies auraient pu obtenir par la grâce du vote uninominal à deux tours une majorité absolue à l’Assemblée Nationale devront se contenter de 161 sièges (27% des Députés), alors que la Majorité Présidentielle arrivée en 3ème position au premier tour obtiendra quand même une majorité relative avec 250 Députés à 39 sièges de la majorité absolue.

Les élections européennes de juin 2024 vont à nouveau voir s’affronter à Droite comme à Gauche des partis concurrents puisqu’il s’agit d’une élection proportionnelle nationale à un seul tour où chacun voudra tenter sa chance !

Selon les sondages, à Droite, le RN reste largement en tête avec 31 % des intentions de vote, devant les LR à 9%, Reconquête à 6%, et Debout la France à 2%, soit avec des listes Divers Droite créditées ensemble à 3%, une majorité absolue.

La Macronie plafonne à 21% et la Gauche, comme on l’imaginait, éclatée entre toutes ses composantes piétine autour de 28% entre le PS qui à 9% retrouve une vigueur inespérée, LFI qui s’effondre à 6.5%, les Écologistes à 6%, le PC à 3% et le reste éparpillé à l’Extrême Gauche.

Ces élections auront non seulement un impact sur le Parlement européen où les forces souverainistes seront plus importantes et pourront orienter les votes mais elles donneront sans doute le « La » pour les prochaines présidentielles.

En effet, si Marine Le Pen était élue en 2027, nul doute que « l’Union des Droites » qui avait échoué en 2022 pourrait plus facilement se reconstituer autour d’elle aux législatives qui suivront à l’intérieur d’une nouvelle « Majorité présidentielle » dont elle aurait terriblement besoin car, comme dans une réaction antigène-anticorps, les forces de Gauche (même si certains de leurs électeurs traditionnels votaient pour le RN en raison de ses promesses populistes d’augmenter le pouvoir d’achat et de s’opposer à l’immigration) se mobiliseront aussitôt avec une terrible détermination, taxant le parti présidentiel d’Extrême droite fasciste et racialiste !      

Que faudrait-t-il pour que Marine Le Pen, si elle était élue, puisse, comme elle l’affirme, sauver la France ?

  • Reconnaître que le RN seul ne pourrait jamais gouverner le pays et qu’il conjurerait aussitôt ses adversaires contre lui.
  • Comprendre que seule une Majorité Présidentielle basée sur une coalition pourrait se maintenir au pouvoir.
  • Oublier les maladresses d’Éric Zemmour à son égard et lui offrir des places au prorata des voix obtenues par Marion Maréchal aux Européennes, ou, s’il est lui-même à nouveau candidat aux Présidentielles au prorata de ses voix au premier tour !
  • Proposer aux LR une répartition des sièges dans les mêmes proportions en assurant aux Députés sortant, en raison de leur forte implantation locale, de conduire dans leurs circonscriptions respectives la nouvelle Majorité Présidentielle.
  • Pour toutes les autres circonscriptions, déclarer comme représentant de la Coalition présidentielle le candidat des 3 partis ayant eu le meilleur score au premier tour.
  • S’engager dans tous les cas à choisir comme Premier Ministre le Chef de la formation qui aura obtenu le plus grand nombre de Députés

Et dans l’hypothèse d’une victoire de Marine Le Pen, après 10 ans de cauchemar macronien, si les réformes promises ne sont pas appliquées, si l’économie ne se redresse pas, si le peuple insatisfait manifeste à nouveau dans la rue, il ne lui restera plus qu’à reprendre à son compte l’anaphore de Camille dans Horace en disant :

Moi seule en être cause, et mourir de plaisir ! 

Pierre Chastanier, 25 janvier 2024

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