ND des Sans-abri
ND des Sans-abri
Avec le retour de l’hiver, les sans-abri vivent à nouveau une situation intolérable. Certes, de nombreuses bonnes volontés se mobilisent, Restos du Cœur, Ordre de Malte, Croix-Rouge, Samu social, Maraudes…
Mais le compte n’y est pas et on se demande ce que font les pouvoirs publics avec l’avalanche d’impôts et taxes qu’ils nous assènent pour ne pas être capables de trouver des solutions à ce problème.
N’est-ce pas le candidat Emmanuel Macron qui disait en 2017 : « Plus personne dans la rue avant la fin de l’année » !
Promesse non tenue. Une de plus. On se rappelle Jacques Chirac : « Les promesses (électorales) n’engagent que ceux qui les reçoivent ! »
Puisque l’Etat ne remplit pas ses obligations, l’Eglise dans sa tradition évangélique ne pourrait-elle pas retrouver son rôle médiéval d’asile ?
Faut-il rappeler que Saint Augustin défendait cette pratique même pour les criminels n’imposant aucune condition préalable à l’accueil du candidat à l’asile, bon ou méchant !
La tradition s’est perdue car la royauté y voyait un obstacle à l’exercice du pouvoir absolu mais devant la détresse présente, ne peut-on se poser la question du bon usage de nos 42.200 églises le plus souvent fermées entretenues (plus ou moins bien) par les collectivités locales qui ne s’adressent désormais, en dehors de quelques sites exceptionnels devenus de véritables musées, qu’à 3 millions de catholiques pratiquants desservis par 15.000 prêtres. Qu’on en juge :
3.000.000/42.000 = 71 fidèles en moyenne par église !
15.000/42200 = 1 prêtre en moyenne pour 3 églises !
Certes on ne peut pas, comme le disait Michel Rocard, accueillir toute la misère du monde même si notre assistanat social constitue un fantastique appel d’air pour des clandestins attirés par les lumières de la ville dans un pays où du fait de l’ingérence de l’UE on ne peut même plus contrôler nos frontières.
Mais ce n’est pas pour autant qu’on peut les laisser avec indifférence s’entasser en hiver sous de vagues toiles de tentes même si, comme hier, ils sont utilisés par des politiques manipulateurs.
Les Français même non pratiquants sont attachés à leurs églises (Mitterrand candidat, ne posait-il pas lui-même en 81 sur le paysage d’un clocher de village ?)
Mais cet attachement sentimental n’est sans doute plus celui ressenti par les catholiques pratiquants d’aujourd’hui (sauf les intégristes) plus proches du message évangélique que du symbole du clocher.
Il y a trop d’églises fermées en France. A l’heure où les prêtres organisent des messes tournantes (dans mon village notre magnifique église romane du XIIème siècle ne sert plus au culte qu’une fois par an en dehors des funérailles sans prêtres), certaines d’entre elles, en dehors de quelques-unes heureusement engagées dans « Hiver solidaire » ne pourraient-elles pas retrouver un rôle social plus large (accueil des plus démunis pour certaines, espace public pour concerts, expositions pour d’autres…).
Les Eglises partagées resteraient des églises vivantes, certaines désacralisées pourraient même trouver d’autres utilisations permanentes (mosquées, temples, espace culturel, resto du cœur, centres d’hébergement).
Cela inciterait les municipalités à mieux les entretenir. On se souvient par exemple que le Mont Saint Michel (première destination touristique française après Paris) avait, sous la révolution, été transformé en prison. S’il n’avait pas eu cette utilité, il serait sans doute en ruine depuis bien longtemps.
Croyants ou non, ceux qui constatent ce laisser-faire des pouvoirs publics mais qui ont du cœur préfèreront voir dans les grandes villes des églises vides accueillir des sans-abri plutôt que de les laisser au froid de la rue.
ND de la Pitié rachetait les captifs chrétiens des barbaresques (Cervantès fut l’un d’entre eux).
Les Églises vides ne pourraient-elles pas accueillir ND des Sans-abri ?
Pierre Chastanier, 18 janvier 2024