Trois chemins s’offrent à nous !
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Trois chemins s’offrent à nous !
J’ai expliqué comment les pays de l’Europe du Nord risquaient de remettre en cause les garanties bancaires émises par les banques nationales des pays du « Club Med » compte tenu de la dérive constatée entre nos économies.
Les dettes publiques en fonction des PIB s’établissent ainsi :
Allemagne 64.6% ; Danemark 30.2% ; Pays-Bas 46.9% Estonie 39.5% ; Lituanie 38.1% ; Luxembourg 28.2% ; Suède 30.7% Moyenne : 30.9%
France : 111.9% ; Espagne 111.2% ; Italie 142.4% ; Grèce : 166.5% Moyenne 136.2%
Cette disparité est préoccupante car depuis la création de l’Euro elle ne fait que progresser.
Déjà, lors de la crise grecque, l’attitude de l’Europe du Nord a été particulièrement intransigeante. L’économie du pays s’est gravement dégradée avec des dizaines de milliers de faillites d’entreprises. Le PIB continue de se contracter et les acquis sociaux se démantèlent durablement.
Il pourrait se faire que l’Allemagne, puissance économique majeure de la zone Euro, se considérant désormais comme « parasitée » par les fourmis du sud, vote en faveur d’un nouveau Deutsche Mark qui ne manquerait pas d’attirer un flux important de capitaux.
Pourtant, outre la désapprobation des autres pays membres de l’UE, cette décision porterait un coup terrible aux industries allemandes exportatrices, aggravé par le fait que sans l’Allemagne la valeur de l’Euro s’effondrerait aussitôt.
Il en serait de même si les pays du Nord voulaient créer ensemble un « Neuro », laissant aux pays du Sud la possibilité de se rabattre sur un « Seuro » !
Ce premier chemin paraît bien dangereux.
Une autre voie est celle du Frexit. Là encore il n’y a pas de miracle car même si nos créanciers étaient dans l’obligation d’accepter la « lex monetae » transformant automatiquement notre dette en Francs les coûts ultérieurs pour les inévitables nouveaux emprunts seraient terriblement élevés. Or près de 60% de notre dette est détenue par des capitaux étrangers.
Certes les effets positifs sur nos exportations pourraient contribuer fortement au redressement de notre commerce extérieur, à condition toutefois que nos importations n’atteignent pas des coûts prohibitifs ce qui ne pourrait s’envisager que si grâce à un redéploiement massif de notre programme nucléaire nous puissions réduire drastiquement nos importations énergétiques.
L’avantage serait que nous retrouverions notre pleine et entière souveraineté mais aurions-nous véritablement les moyens de l’exercer ?
In médio stat virtus ! On pourrait remettre en cause d’un commun accord avec les pays de la zone Euro un fonctionnement plus économe de l’UE, dégraissant ses structures inutiles, reportant les adhésions ultérieures à des jours meilleurs, restituant à chaque pays les règles de souveraineté qui étaient en vigueur avant Maastricht (contrôle des frontières, régulations possibles des droits de douane en fonction des disparités de concurrences, simplifications des normes, ratification des directives de la Commission par les Parlements nationaux avant qu’elles ne deviennent applicables…)
Cela n’empêcherait pas de favoriser les échanges en libre circulation de produits et services qui seraient issus de développements de coopérations inter gouvernementales à géométrie variable, d’investissements intra-européens, de programmes de recherche, d’éducation, de culture.
Mais tôt ou tard il faudra bien par un approfondissement de nos politiques communes diplomatiques et militaires qu’on choisisse enfin entre trois voies possibles :
Intégration complète de l’UE au sein d’une alliance redéfinie avec les USA à condition qu’elle supprime tout lien de vassalité (l’OTAN pouvant devenir un véritable Etat fédéral de l’Atlantique)
Retour à la conception gaullienne d’une Europe indépendante « de l’Atlantique à l’Oural » face aux deux blocs antagonistes américain et chinois qui se font désormais face si le découplage de la Russie avec la Chine est encore envisageable après la guerre d’Ukraine!
Retour pour la France et les pays qui voudraient s’associer à elle sous sa couverture militaire à une politique indépendante des blocs renouant avec la tradition gaullienne qui reconnut la Chine, souhaita l’indépendance du Québec, fit la paix avec l’Algérie, libéra ses colonies, et paru aux yeux du monde comme le porteur de flambeau du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Pierre Chastanier, 6 décembre 2023